code_galerie Chroniques de l"Humanité, Site Léon Rosenthal

 

 

Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Maurice Denis, L’Humanité, « L’Actualité artistique », 28 avril 1914, p. 4.

Voici un fragment de l’œuvre décoratif exposé au Salon de la Société Nationale [des beaux-arts] par M. Maurice Denis. Nous avons déjà dit la fraîcheur d’imagination, la hardiesse d’exécution, l’allégresse de cette œuvre. Le prétexte en est aux poèmes homériques, et l’on peut y voir, selon le récit de l’Odyssée, Ulysse, jeté par la tempête dans l’île des Phéaciens, qui s’avance au-devant de Nausicaa, la vierge royale, et de ses compagnes. Mais il est tout à fait inutile d’avoir lu l’Odyssée et de connaître les aventures du sage Ulysse pour s’intéresser aux jeux innocents de ces jeunes filles qui jouent, au bord de la mer, sous la claire lumière du jour. Depuis l’époque déjà lointaine où il décorait l’église du Vésinet, M. Maurice Denis a créé une série de pages monumentales qui ont, peu à peu, imposé au grand public un talent original qui avait d’abord été très contesté. Le Salon de musique, le Mythe de Psyché, les poèmes du printemps, et, naguère, la décoration du plafond du Théâtre des Champs-Élysées, ont montré une richesse, une variété d’invention, une fécondité sans effort, une unité de conception par lesquelles M. Maurice Denis se classe, à côté des formules toutes différentes, mais non moins neuves, comme un des plus remarquables peintres de murailles de notre temps.