code_galerie Chroniques de l"Humanité, Site Léon Rosenthal

 

 

Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

L’Art de France, L’Humanité, 6 octobre 1916, p. 2.

En 1913, au moment où notre pauvre et cher camarade Roblin faisait triompher à la Chambre le principe d’une Exposition internationale des arts décoratifs modernes à Paris, un homme d’idées généreuses et de grande activité, M. Cadot, conçut le dessein de grouper les artistes, les artisans, les industriels et les amateurs dans une société amicale où ils pourraient débattre librement leurs intérêts, pour le plus grand bien de l’art moderne. Pour préparer la constitution de cette société, M. Cadot lança une revue L’Art de France, qui obtint, immédiatement, un légitime succès.

Survint la guerre, le rédacteur en chef de L’Art de France, Em. de Thubert, fut mobilisé. La revue suspendit sa publication, mais, dès janvier 1915, M. Cadot faisait paraître le Petit Messager des Arts et des Artistes qui, envoyé gratuitement à tous les artistes et artisans mobilisés, a contribué, pour sa bonne part, à entretenir l’espérance et à soutenir le moral dans la grande famille dispersée et un peu désemparée par la tourmente.

En même temps, des réunions hebdomadaires tenues, 28, boulevard de Strasbourg, réunissaient, dans des entretiens fructueux, ceux qui, demeurés à l’arrière, songeaient à l’avenir de nos artistes et de nos arts et aux problèmes multiples qu’un avenir prochain va susciter.

Tout ce mouvement vient d’aboutir à la constitution de la société, dès longtemps projetée. Cette société l’Art de France se propose un magnifique programme. L’Art de France soutiendra les artistes originaux et les défendra contre les passions aveugles. Il essayera de faire comprendre à tous la portée et la valeur sociale de l’art, il s’intéressera à l’enseignement artistique, à la rénovation des métiers et s’ingéniera à renouer les liens entre les artisans et les artistes. Il collaborera aux progrès et à la diffusion à travers le monde de l’art français.

M. Cadot, secrétaire général, enverra les statuts à toutes les personnes qui voudront bien les lui demander.

Ajoutons que le premier acte de l’Art de France a été d’envoyer une adresse de sympathie et d’admiration à Auguste Rodin, contre lequel s’agite, à l’heure présente, une odieuse et impuissante cabale.