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Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Le Comité de Propagande Socialiste pour la Défense Nationale

Avec l’année 1916, le mouvement ouvrier français en son ensemble traverse une crise grave, une crise aux dimensions multiples. Chez les socialistes, majoritaires de guerre, minoritaires, zimmerwaldiens se dévoilent, dans leurs logiques respectives. Cet ébranlement aboutit à la constitution de Comités qui rendent possible une lecture plurielle de la guerre. Dans ce cadre Léon Rosenthal inscrit son action dans le Comité de propagande socialiste pour la Défense nationale

La création du Comité
Si l’on suit Hubert Bourgin, Léon Rosenthal est un des fondateurs du Comité durant le mois de mai 1916. Les buts du Comité sont présentés dans l’Humanité du 24 juillet 1916

Le Comité de propagande socialiste pour la défense nationale se propose de développer et d’employer à la défense nationale toutes les forces morales et intellectuelles que renferme le socialisme. Il se propose de contribuer à la défense nationale par la propagation des idées que la doctrine et la pratique socialiste mettent à la disposition de la nation qui lutte pour on existence, pour son indépendance, pour son droit.

Le Comité de Propagande Socialiste pour la Défense Nationale consacre son action à l’édition de brochures pour défendre ses options dans la volonté de poursuivre l’œuvre pédagogique entreprise avant la déclaration de guerre au sein de l’école socialiste.

En attendant que l’école socialiste renaisse, il y a dans la guerre et pour la guerre, des besognes à accomplir qui réclament comme l’exigeait et l’obtenait l’Ecole socialiste, à la fois le travail actif d’une équipe spécialisée et le concours général, l’inspiration, la discipline et l’appui moral du Parti.

Le CPSDN publie 10 brochures en un peu plus  d’un an, ce qui constitue un effort important pour ce petit groupe. 

Léon Rosenthal au sein d’un portrait de groupe
Trois cercles coexistent parmi les acteurs du Comité. Le premier se compose de la structure administrative dans laquelle deux noms émergent Hubert Bourgin et Léon Rosenthal. Le second cercle se compose des membres du conseil de direction, un organisme de parrainage du Comité, Louis Dubreuilh, Arthur Groussier, Jean Lebas, Paul Langevin, Edgard Milhaud. Ensuite viennent les noms des rédacteurs des brochures : ils ont pour nom Félicien Challaye, Emile Vandervelde, Marcel Cachin, Léon Rosenthal. Un certain nombre de brochures ont un auteur anonyme que l’on peut sans grand doute identifier comme étant Hubert Bourgin. Tous ont en commun d‘être dans les rangs des majoritaires de guerre des partisans de la guerre sans concession à quelque pacifisme que ce soit. A l’intérieur de ce groupe, on peut distinguer deux grandes catégories, les intellectuels de parti (Hubert Bourgin, Léon Rosenthal, Paul Langevin, Edgard Milhaud, Félicien Challaye), les membres influents des directions nationales ou  internationales (Arthur Groussier, Louis Dubreuilh, Arthur Vandervelde, Jean Lebas, Marcel Cachin). Cette double orientation des auteurs, acteurs nous amène à faire une première constatation, les politiques présents sont d’un poids certain si ne se retrouvent pas les ténors du Parti. Ces intellectuels en politique s’engagent dans un combat à partir de leurs amitiés préalables, reprennent une des modalités de l’action socialiste d’avant 1914, la mobilisation des intelligences pour un but. Il ne s’agit pas ici d’un groupe ferme mais d’une fraction de réseau qui se donne à voir, réseau à la fois normalien, à la fois politique. Est-ce bien un réseau d’ailleurs ? Il s’agit plutôt d’un lieu politique où s’expriment quelques unes des potentialités du socialisme de guerre. 

Léon Rosenthal rédacteur de l’Alsace-Lorraine
Cette brochure fait exception dans la production éditoriale de Léon Rosenthal car la seule uniquement consacrée à son militantisme de socialiste. La publication le situe comme militant engagé mais permet à l’intellectuel de prendre pied au sein d’une production destinée à justifier « la guerre du droit ». La brochure s’inscrit dans une longue suite de publications sur les responsabilités de la guerre qui visent à donner légitimité à la « guerre du Droit ». Léon Rosenthal reprend un « genre », crée au feu de la guerre mais l’adapte à son public socialiste. Le plan binaire de la brochure « L’annexion », « Après l’annexion » souligne la dimension propagandiste de la publication. Le discours de la brochure est compatible avec celui des majoritaires de guerre, mais marque une évolution dans un engagement qui va conduire Léon Rosenthal hors la SFIO.