Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Félix Bracquemond (1833-1914)

M. Bracquemond a donné un beau spectacle d’un artiste universel. Peintre, décorateur séduit par toutes les matières, esprit curieux, théoricien clairvoyant de son art, il doit à la gravure le meilleur de sa gloire. Interprète pénétrant, illustrateur ingénieux, il a été, avant tout, graveur original. Il a manié la lithographie, le bois, le burin ; son procédé essentiel est l’eau-forte. Son imagination nourrie par l’admiration des maîtres classiques et par la compréhension de l’art du Japon, riche, fraiche, s’applique à la réalité la plus étroite, s’échappe en fantaisies légères ou s’égaye avec humour. Il a dû à sa science technique, à l’intérêt qu’il portait aux moyens d’expression, une souplesse de facture singulière, capable du travail le plus serré, capable aussi de demander leur contribution aux recettes du tirage…

Léon Rosenthal, La Gravure, Paris, H. Laurens, coll. « Manuels d’histoire de l’art », 1909, p. 361-362.