Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art
Vittore Scarpazza ou Carpaccio a vécu à Venise à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Il reçut de sa cité les dons les plus précieux et les plus particuliers que celle-ci pût donner à un peintre. Il l’aima profondément et lui dut tout son génie. Avant Titien, Tintoret et Véronèse, avec plus de verve que Gentil Bellin, il a dit la splendeur vénitienne, et il exerce aujourd’hui sur nos esprit jaloux de simplicité et de fraicheur une attraction unique parce qu’il a, dans la jeunesse de l’art, chanté avec un bonheur infini la plus triomphante Venise. […] Carpaccio fut spontanément le peintre de ce spectacle et de cette vie. Sensibilité nerveuse avec un tempérament de coloriste et un goût de vérité incisive mêlé de délicatesse, il peignit ces fastes harmonieux d’un pinceau si libre et si hardi que Venise nous est rendue intacte dans sa vérité passée ».