Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Traviès (1804-1859)

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La popularité de Traviès demeure un problème historique. Propagateur du type insipide de Mayeux, Traviès qui n’avait ni esprit, ni talent, a rarement frappé juste et ne se sauve que par quelques essais, d’ailleurs bien faibles, pour noter la misère extrêmes et les gueux.


Léon Rosenthal, La Gravure, Paris, H. Laurens, coll. « Manuels d’histoire de l’art », 1909, p. 352.

Traviès était, à tout prendre, un pauvre artiste, très médiocre dessinateur, d’idées courtes, de tempérament grossier. Il eut plus de bonheur que de talent et, parrain de Mayeux, il devint populaire. Ce type de Mayeux, qui fit tant rire la génération de 1830, était d’une invention plus que vulgaire. Avait-il été inspiré par quelque malheureux disgracié, avait-il été imaginé de toutes pièces ? On ne le sait pas exactement. Traviès ne l’avait pas créé et n’eut pas le monopole de le mettre en scène ; il en fut, du moins, l’historiographe le plus accrédité. Bossu, difforme, la tête enfoncée dans sa gibbosité, Mayeux, gnome monté sur des jambes grêles et cagneuses, poursuivait les femmes de ses assiduités grotesques ; sensuel, égrillard, il accompagnait de jurons ses propos équivoques ou orduriers.


Léon Rosenthal, « Decamps, Traviès, Grandville », L’art et les mœurs en France, préface de André Michel, Paris, H. Laurens, coll. « L’École d’art, École des hautes études sociales », 1909, p. 161.