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Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Léon Rosenthal, élu municipal

Présent sur la liste d’union socialiste et radical, Léon Rosenthal est élu quatrième adjoint au maire de Dijon, en charge de l’Instruction publique et des Beaux-Arts le 8 mai 1904. Majoritairement socialiste, la liste élit comme maire Henri Barabant, ouvrier. Léon Rosenthal siège au conseil municipal en 1904 et 1905 ; sa nomination au lycée de Versailles en 1905 l’éloigne ensuite. Telles que rapportées par le Bulletin municipal officel de la ville de Dijon (BM0), ses interventions tranchent par leur technicité et leur concision. Trois domaines les charpentent.
Au plus près de ses charges d’adjoints, Léon Rosenthal intervient de nombreuses fois sur la question des écoles dijonnaises, du monde enseignant et étudiant. Comme élu, il manifeste une attention sourcilleuse à l’octroi de bourses pour les Dijonnais, comme pour les étudiants étrangers ; sur le versant du rapport aux associations, il se montre un ardent défenseur d’une politique bien ciblée de subventions (ainsi à la société des bibliophiles, satellite de la Bibliothèque municipale). Au sein de ce premier registre d’intervention, c’est sans doute autour de la politique du livre scolaire que se marque la personnalité de l’élu. Plutôt hostile à la distribution des prix des écoles de la ville, observant que c’est « une industrie bien nationale », Léon Rosenthal dénonce la « somme de sottises » des livres de prix, et propose en lieu et place la distribution de « livres-souvenirs » de l’Ecole laïque (Registre des délibérations, séance du 3 mai 1905). Ajoutant, « sans faire de propagande, je citerai par exemple, un dictionnaire encyclopédique qui rendrait des services quotidiens dans les ménages ouvriers » (Ibid). On reconnait ici la marque de l’intellectuel socialiste, soucieux d’éducation populaire comme de laïcité. Ce souci se retrouve dans son abord des questions relatives au musée. Attentif aux contraintes budgétaires, il conçoit son rôle dans les termes d’abord d’une politique d’acquisition bien comprise, au service du Musée des Beaux-Arts comme du Salon bisannuel de la municipalité. L’œil du critique d’art renchérit ici sur la volonté pédagogique de l’élu qui souhaite insuffler au conseil les linéaments d’une véritable politique culturelle. En ces domaines, le ton de l’élu est volontiers militant face à ses colistiers qu’il n’hésite pas d’ailleurs à prendre à rebrousse-poil, défendant la nécessaire restauration de l’ancienne église Saint-Philibert conseillée par la Commission des Monuments historiques que le conseil, par anticléricalisme, souhaite retoquer (Registre des délibérations, séance du 28 octobre 1904). Léon Rosenthal se montre également prescriptif quant à la programmation du théâtre municipal où il souhaite voir des « pièces à thèses », soutenu en cela par le maire contre une part du Conseil municipal (Registre des délibérations, séance du 27 janvier 1905).
L’engagement de l’élu dans les discussions outrepasse les frontières de sa charge. De manière régulière, Léon Rosenthal intervient sur les questions urbaines. Il s’appuie alors sur une solide culture sur les questions relatives à la voierie, l’adduction d’eau, les habitations à bon marché. L’élu socialiste marque là son engagement urbaniste, qu’il déploie autant sur son versant technique que théorique. Une facette de son rôle durant la Grande Guerre trouve sans doute ses conditions de possibilité ici.
Malgré sa brièveté, l’expérience municipale de Léon Rosenthal révèle un intellectuel socialiste à l’engagement solidement inscrit dans le réel ; il est là en adéquation avec une grande partie des élus socialistes de Dijon, marqué par l’allemanisme, attentifs en cela à l’orientation de la cité socialiste.

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