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Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Les majoritaires de guerre

Avec le déclenchement de la guerre, s’invente une pratique dans l’événement, le socialisme de guerre, dans l’exploration/confrontation des discours avec la pesée des éléments d’avant le déclenchement du conflit. Les socialistes rentrent dans les gouvernements jusqu’en 1917, intègrent les Comités d’action gouvernementaux, participent à la création de l’Union sacrée.

Le désaccord socialiste : minoritaires et majoritaires
Avec le prolongement du conflit, cette pratique s’essouffle, perd son caractère d’unanimité pour se retrouver confronté avec la concurrence de la minorité qui retrouve les accents de l’avant-guerre, qui dégage le socialisme du poids de l’événement sans renier la défense nationale. En face de cette érection du passé comme champ d’expérience et horizon d‘attente, la réduction au présent de ce qui fut pratique évènementielle, ceux qui deviennent les « majoritaires » tentent maintenir le parti dans l’Union sacrée pour maintenir le socialisme de guerre comme unique possibilité de l’action socialiste. L’année 1915 est le moment où naissent les dissonances, où apparaissent les « minoritaires de guerre ». Ceux-ci accentuent leur pression sur la majorité au fur et à mesure des années pour finalement prendre la majorité lors de l’année 1918. A côté de ces « minoritaires », un petit courant révolutionnaire naît, suite aux conférences internationales de Zimmerwald et de Kienthal, qui appellent à transformer un conflit analysé comme impérialiste en guerre révolutionnaire.  Face à ces « minoritaires », une majorité se constitue, éclectique, qui regroupe des membres de tous les courants d’avant 1914, aux perspectives parfois différentes. Se côtoient ceux qui mettent en avant la guerre comme parenthèse- dès la guerre finie, l’antagonisme de classe renaît, le parti retourne dans l’opposition irréductible au pouvoir-, ceux qui estiment que la guerre ne fait que manifester ce qui était latent, l’intégration du socialisme à la République et ceux pour qui le conflit doit être le moment d’une invention d’un socialisme national et étatique.

Léon Rosenthal en majoritaire de guerre
Léon Rosenthal apparaît comme un fervent défenseur de l’insertion des socialistes dans l’Union sacrée, dans toutes ses conséquences. Simple membre de la majorité, il radicalise son propos au cours du printemps 1916 ; avec Hubert Bourgin, il fonde le Comité de Propagande socialiste pour la défense nationale, qui manifeste le refus catégorique de toute aménagement de l’engagement socialiste pour la défense nationale. La radicalisation de l’opposition entre « majoritaires » et « minoritaires » amène le chroniqueur de l’Humanité à s’engager plus avant dans la bataille interne.
A l’automne 1917, au moment où les socialistes quittent l’Union sacrée, Léon Rosenthal prend parti pour l’exclusion des « kienthaliens » de la SFIO au congrès fédéral de la Seine de septembre 1917. Il extériorise son engagement puisqu’en décembre de la même année, il adhère à la Ligue civique dont le but est de regrouper les français attachés au  maintien de l’Union sacrée et aux institutions républicaines. Il y retrouve Charles Andler. En décembre, il devient secrétaire du « Comité socialiste de la paix par le Droit ». Sa dernière intervention au sein de la SFIO est en février 1918 lors du Conseil national au cours duquel il réaffirme sa condamnation des « kienthaliens », et la nécessité pour le socialiste de retourner dans le gouvernement d’Union sacrée. Son échec l’amène à publier un manifeste qui condamne le Parti socialiste accusé de « trahir le socialisme et la France ». Léon Rosenthal apparaît comme caractéristique de ces socialistes qui refusent tout compromis dans la guerre avec les « minoritaires », qui rompent pour adhérer au groupe de la France Libre.