Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Georgette Agutte (1867-1922)

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Il a été déjà dit tout l’intérêt qu’offre l’exposition de Mme Agutte (Mme Marcel Sembat). D’un procédé technique nouveau, l’usage du fibro-ciment dont MM. Baudouin et Marret avaient déjà montré la valeur pour la fresque, Mme Agutte a tiré un parti imprévu en y appliquant la peinture à l’huile. L’huile y garde sa puissance, mais elle prend un aspect mat, exempt de luisant, qui lui confère un aspect décoratif. Les qualités de Mme Agutte : la netteté aiguë de sa vision, son parti de simplifications, la vigueur franche de son coloris trouvent ici une occasion excellente de se déployer. Des danses, des jeux d’écharpes, des groupes de jeunes femmes sont les thèmes de fraîcheur et de gaîté qu’elle a développés. Par ailleurs, des tableaux de fleurs, des aquarelles, notations de voyage, expriment toute la joie que Mme Agutte éprouve à peindre, joie qu’elle sait nous faire partager.

Léon Rosenthal, « L’Aphrodite de Rodin et quelques expositions », L’Humanité,13 mars 1914, p. 2.