Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Albert Dammouse 1848-1926)

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Les vases en pâte de verre de M. Dammouse sont des chefs-d’œuvre fragiles où le goût le plus délicat s’est exprimé. Regardez ces formes pures, ces décors incorporés, d’une façon subtile, à la matière, ces fleurettes légères, ces algues, ces êtres qui vivent dans le verre. Consolons-nous de ne pouvoir les admirer qu’à travers les vitrines d’un musée et persuadons-nous que de jeunes artistes sauront s’en inspirer pour des œuvres plus accessibles.

Léon Rosenthal, « L’Art social d’après deux expositions », L’Humanité, « L’Actualité artistique », 25 février 1913, p. 4.

La pâte de verre a été traitée, sous une forme infiniment discrète et exquise, par Dammouse. Celui-ci était célèbre comme céramiste lorsqu’à partir de 1898, il exposa de petits vases en forme de calices, coupes, bols ou gobelets, d’un ton bleu ou mauve, d’une matière raffinée et d’une forme simple. Peu à peu, des algues ou de menues fleurs, d’un modelé à peine ressenti, colorées à peine, vinrent émerger à la surface des vases comme si elles surgissaient d’un rêve lointain ; puis la gamme s’enrichit sans cesser de s’exprimer en sourdine. C’est ainsi que, modulant des accords toujours analogues mais jamais identiques, Dammouse a, jusqu’à sa fin toute récente, dispensé de menus et fragiles chefs-d’œuvre.

Léon Rosenthal, La Verrerie française depuis cinquante ans, Paris et Bruxelles, G. Vanoest, coll. « Architecture et arts décoratifs », 1927, p. 35.