Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Jacques-Louis David (1748-1825)

1
2

L’art brillant, facile, décoratif et superficiel qui avait répondu aux goûts de la société frivole du dix-huitième siècle commençait à déplaire à des esprits que travaillait déjà le pressentiment de la Révolution. Ils s’enthousiasmèrent pour la peinture austère de David. Les Horaces (1784), la Mort de Socrate (1787), Brutus (1789) mirent le comble à sa réputation. Désormais, il fut considéré comme le chef de l’École française. Les Sabines (1799), Léonidas aux Thermopyles (1814) ajoutèrent encore à sa gloire. Pour comprendre l’admiration que suscitèrent ces œuvres dont les sujets étaient empruntés à une Antiquité lointaine et qui peuvent nous paraître, aujourd’hui, malgré leur science, froides et conventionnelles, il faut se rappeler dans quel état d’exaltation, de fièvre, dans quel enivrement de liberté, puis de gloire, la France se trouva sous la Révolution et l’Empire. Toute l’instruction reposait sur l’étude de l’histoire de la Grèce et de Rome, et les héros de David, l’art déclamatoire de l’artiste étaient au diapason des passions du temps.

Léon Rosenthal, « David et son École », L’Humanité, « L’Actualité artistique », 8 avril 1913, p. 4.
Voir aussi : Léon Rosenthal, Louis David, Paris, Librairie de l’art ancien et moderne, coll. « Les maîtres de l’art », 1904.