Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Maurice Denis (1870-1943)

DenisEternelEté L’œuvre capitale du Salon est une décoration peinte par M. Maurice Denis. Commandé pour la décoration d’un hôtel princier, cet ensemble de cinq panneaux, par la générosité, l’universalité de la conception serait à sa place dans tout palais public, dans tout temple. M. Maurice Denis a voulu donner des images de bonheur, et, sous le prétexte de l’âge d’or, il a montré des baigneuses qui se reposent sur une plage tandis que des cavaliers caracolent sur la grève ; des jeunes gens cueillent des fruits et des raisins, des bergers jouent de la flûte, un enfant boit à une source. Ce sont là des thèmes généraux, parfaitement simples, de ces banalités qui conviennent à la peinture monumentale et qu’un artiste de génie rend sublimes. Il y a dans la sensibilité de M. Denis une extraordinaire fraîcheur ; une ingénuité précieuse qui retrouve dans les spectacles de la nature leur charme et leur grandeur. L’artiste, d’ailleurs, est fait pour les grandes choses. S’il paraît, parfois, mal à son aise, dans les tableaux de chevalet, il est ici en pleine possession de ses moyens et ces moyens sont tout personnels. Tout lui appartient, le dessin, la conception de la couleur, son métier à la fois très simplifié et très raffiné.

Léon Rosenthal,« Le Salon de la Nationale », L’Humanité, « Chronique de l’art social », 13 avril 1912, p. 3.