Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Théodore Géricault (1791-1824)

2

La peinture française, sous l'Empire, était sollicitée par des forces qui préparaient une évolution. Ces forces, nous les avons rapidement analysées : elles annonçaient l'avènement d'un art qui ne s'est pas réalisé parce que, avant leur complet effet, se sont interposées brusquement d'autres influences qui les ont contrariées ou détournées. Un seul artiste s'est trouvé alors, qui, par un hasard unique, par des affinités et des répugnances de tempérament, a, parmi la tempête, conservé à peu près la direction qu'il avait prise avant que celle-ci fût déchaînée. Cet artiste était Géricault. Son œuvre permet de répondre à une de ces questions vaines et obsédantes que suggère tout grand bouleversement : que serait devenue la peinture française, si la Restauration ne s'était pas effectuée ? Et ce témoignage unique, d'une importance exceptionnelle, assure à celui qui l'a donné une place notable dans l'histoire de l'art.

Léon Rosenthal, Géricault, Paris, Librairie de l'art ancien et moderne, coll. « Les maîtres de l'art », 1905, p. 30-31.