Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art
Manet ne s’intéresse ni aux idées, ni aux sentiments ; pur artiste, il peint ce qui s’offre à ses regards et se propose de traduire les spectacles non tels qu’ils peuvent être réellement, mais tels qu’ils lui apparaissent, déformés, imprécis, sans souci de correction, de science anatomique ou perspective, avec le seul désir de sincérité. Indépendant des traditions, il a des affinités avec les maîtres espagnols. Comme eux, il emploie, au lieu des tons ambrés empruntés aux Bolonais ou à Rembrandt, des gris cendre et des noirs charbonneux. Son pinceau, parfois brutal, est parfois d’une subtilité très raffinée. Les contemporains ont été scandalisés par cet art qui les déroutait.