Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Pierre Paquet (1875-1959)

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Suivez-moi dans le cabinet de la directrice. Si vous éprouvez une impression d’harmonie, c’est que tout ici, mobilier, disposition des fils électriques, cadre de la cheminée, aussi bien que la décoration des murailles et la construction de la pièce, est l’œuvre de l’architecte. De là, une unité qui s’impose tout d’abord. À présent, analysez. Le mur est couvert d’un papier peint gaufré auquel succède, à deux mètres environ du plancher, une frise décorée d’un pochoir léger. Au-dessus de cette frise, la muraille continue son ascension, nue, blanche ; elle se relie au plafond sans que rien ne souligne le passage, et cette disposition donne à l’œil un sentiment de légèreté, d’espace libre. Regardez cette bibliothèque en partie ouverte, en partie vitrée, ce meuble bibliothèque à la fois et cartonnier. Les fils électriques, qu’il était nécessaire de faire courir sur le plafond, ont combiné leurs lignes selon un esprit décoratif. Rien n’a paru indifférent. Des dispositions élémentaires, des formes géométriques, combinées avec bonheur, sans rien de rigoureux, donnent du caractère à un ensemble où la fin utile, loin d’être masquée, est le support naturel de l’art.

Léon Rosenthal, « Architecture et raison », L’Humanité, « L’Actualité artistique », 29 août 1916, p 3.