Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art
La maison que MM. Sauvage et Sarazin ont élevée, rue Vavin, n’offre pas seulement, à notre attention, des détails originaux, un emploi systématique du ciment armé, des murailles revêtues totalement de carreaux de céramique blanche avec quelques notes de couleur, elle se présente comme l’affirmation d’une conception inédite et quasi-révolutionnaire. À la tradition constante des façades perpendiculaires, véritables murailles dans lesquelles les fenêtres apparaissent comme des trous quadrangulaires régulièrement superposés, MM. Sauvage et Sarazin ont substitué l’idée d’une série d’étages tous en retrait les uns par rapport aux autres. C’est tout le contraire des maisons à encorbellement du Moyen Âge, telles qu’on en voit encore dans les vieilles villes, à Rouen, par exemple, et dont les étages se chevauchaient, avançant progressivement sur la rue. Dans le système nouveau, chaque appartement s’ouvre sur un balcon et reçoit un maximum de lumière et d’air. Une rue construite de maisons semblables nous surprendrait et choquerait toutes nos habitudes reçues, mais certainement elle serait salubre et riante.