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Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art
Léon Rosenthal engagé, l’apposition du nom de l’historien de l’art reconnu et du terme valant reconnaissance de l’action des intellectuels, ne va pas de soi. Pourtant, Léon Rosenthal participe de la scène intellectuelle et politique durant une vingtaine d’années, du début du siècle aux années 1920. Reprendre les figures de cet engagement est remettre sur le devant de la scène un acteur secondaire, mais emblématique, d’une époque où se mêlent, s’entremêlent naissance des intellectuels, construction du socialisme et émergence d’un champ réformateur.
Un intellectuel en socialisme
Léon Rosenthal fut socialiste ; son engagement au sein de la SFIO semble dater de 1908 quand il rejoint la 5e section de la fédération de la Seine. L’entrée en socialisme apparaît tardive puisque la SFIO naît en 1905. Mais l’engagement socialiste de Léon Rosenthal ne doit pas être mesuré à l’aune de l’adhésion partisane. Lors de son séjour à Dijon, le jeune enseignant fait un chemin qui l’amène à devenir élu dans la Municipalité Barabant en 1904. Il naît comme intellectuel au feu de l’Affaire Dreyfus, son nom figure dans les listes de soutien au Colonel Picquart en novembre 1898. Comme intellectuel, Léon Rosenthal participe à la fondation de l’Université populaire de Dijon en 1899. L’intellectuel entre sur la scène politique par sa candidature aux élections municipales de Dijon en 1900 sur une liste de Défense Républicaine sans que cette entrée en politique se fasse explicitement sous les auspices du socialisme. A la suite de cette insertion, Léon Rosenthal signe de nombreux articles dans le journal socialiste Côte-d’Orien, le Rappel des travailleurs des villes et des campagnes, qui manifestent une adhésion au socialisme en un temps où les groupes socialistes de la Côte-d’Or sont affiliés au Parti socialiste français de Jean Jaurès. Son élection en 1904 concrétise son engagement local. Sa mutation au lycée de Versailles en 1905 met fin à cette construction d’une position locale à partir de son statut d’intellectuel.
Un socialiste intellectuel
A compter de son arrivée à Paris, les traces de son engagement comme intellectuel socialiste s’atténuent tant son activité comme historien de l’art apparaît comme première en la période. Pour autant, Léon Rosenthal fait retour sur la scène socialiste avec son adhésion à la 5e section de la fédération de la Seine en 1908, son appartenance à la Commission de propagande de la section. Alors réapparaissent les traits de son premier engagement avec la tenue de conférences dans les Universités populaires de la région parisienne. Avec les années 1909-1910, Léon Rosenthal accentue son engagement socialiste avec sa présentation comme candidat dans la deuxième circonscriptions du 5e arrondissement aux élections législatives de 1910, sa participation de plus en plus accrue à l’Humanité. Avec la déclaration de guerre, Léon Rosenthal approfondit son engagement socialiste. Fervent partisan de l’Union sacrée, il participe aux débats internes de la SFIO comme soutien aux majoritaires de guerre. Son affirmation de la nation l’amène à rompre avec la SFIO au début de 1918 quand le Parti socialiste apparaît de plus en plus éloigné de l’union nationale. Cette sortie du socialisme n’est pas un désengagement, mais l’inscription dans un milieu politique de socialistes en rupture de ban avec la SFIO, au nom de l’Union sacrée comme modèle politique. L‘intellectuel n’est plus socialiste, son action politique s’atténue pour disparaître.
Léon Rosenthal anime un Comité socialiste pour la paix du Droit, à la destinée incertaine.
Sa prise de position l’amène à ne pas participer de manière visible aux activités de la branche la plus radicale des majoritaires de guerre qui anime la France Libre jusqu’en mars 1920. A cette date, il participe à la création du Parti socialiste français en devenant membre du Comité Central du nouveau parti, chargé de réfléchir à la création d‘une Bibliothèque du parti. Il est élu au Comité Central lors du premier congrès du Parti. Cependant, son activité semble se ralentir dans le cadre politique puisque son nom n’apparaît plus dans les comptes rendus des réunions du Comité parus dans la France Libre. Lors du deuxième congrès, Léon Rosenthal n’apparaît plus dans le Comité central, son activité semblant se restreindre à la publication de notes d’art dans le journal du Parti socialiste français, la France Libre.
Un réformateur
Intellectuel et socialiste, Léon Rosenthal marque un engagement constant pour les questions d’enseignement. Comme enseignant d’histoire-géographie, il participe à la création de la Société des professeurs d’histoire-géographie dont les objectifs sont la défense corporative dans le cadre des réformes de l’enseignement de 1902. Comme enseignant de lycée, il s’engage mezzo voce pour la constitution d’associations de fonctionnaires prélude au syndicalisme. Léon Rosenthal appartient à un milieu d’enseignants décidés à rénover l’enseignement par la défense des réformes de 1902 et par la promotion de l’Art à l’école, association dont il devient un des représentants les plus en vue.
Cet engagement réformateur se déploie lors du premier conflit mondial. A partir de la tribune de l’Humanité, Léon Rosenthal prend position pour des modifications profondes dans l’urbanisme, rendues possibles par les destructions des villages et des villes dans les zones de combats. Apparaît au grand jour son inscription dans le champ réformateur, défini par Christian Topalov. Urbaniste, il propose conférences, travaille dans les instances gouvernementales pour proposer une modification profonde de la manière d‘appréhender l’espace public. Avec la fin de la guerre, cet engagement réformateur cède peu à peu.
Les années 1918-1920 marquent l’atténuation des engagements de Léon Rosenthal au profit de la recherche d‘une institutionnalisation croissante