Léon Rosenthal, militant, critique et historien d'art

Louis Bonnier (1856-1946)

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“Étudier avec soin les nécessités d’un programme en faisant dire clairement et exactement aux futurs affectataires ce qu’ils veulent et ce qu’ils doivent vouloir, et en effaçant ses sentiments personnels pour se souvenir que, dans l’immense encyclopédie de notre profession, cette détermination et cette assimilation des besoins des autres sont primordiales et indispensables ; connaître les matériaux du pays, parce que ce sont souvent les seuls qui résistent bien dans le milieu où ils sont nés et aussi parce que l’ouvrier en sait plus intimement l’usage et les employer intelligemment, c’est-à-dire ne faire rendre à chacun d’eux que ce qu’il peut donner comme forme, comme couleur et comme résistance. Tels sont les deux principes essentiels de toute architecture”, écrit M. Louis Bonnier, l’éminent architecte du groupe scolaire de la rue Sextius-Michel.

Léon Rosenthal, « La résurrection des villes. Éloge de la pauvreté », L’Humanité, « L’Actualité artistique », 10 juillet 1915, p. 3.

La liaison entre la façade et l’intérieur est opérée par le porche. Celui-ci revêtira nécessairement des dispositions extrêmement diverses selon l’espace, dont on disposera, selon que l’entrée sera précédée d’une avant-cour, qu’elle s’ouvrira sur une place ou sur une rue, que cette rue sera large ou étroite. De toute façon, ce porche, qui est la préface de l’école où les parents attendent leurs enfants, par lequel s’effectuent les manœuvres difficiles de l’entrée et de la sortie, devra être une des parties les plus étudiées de l’édifice et, si l’espace manque, il restera à l’architecte de se montrer très ingénieux. Il imaginera un porche intérieur, comme l’a fait M. Bonnier pour le groupe scolaire de la rue Sextius-Michel et, sans usurper l’alignement d’un trottoir étroit, conservera à l’accès son caractère hospitalier. Autour de ce porche, suivant encore les préceptes et l’exemple de M. Bonnier, il pourra rassembler toutes les séductions de son art. D’une façade riante, ce sera la partie la plus égayée. Ainsi, tout aura été calculé pour rendre l’école attrayante. Par tant de soins, elle ajoutera, vraiment, à la beauté de la cité, elle donnera, parmi d’autres édifices de caractère différent, une note originale, note de gaîté, note d’allégresse. Ces attraits, du reste, ne seront pas décevants et, bientôt, pénétrant à l’intérieur des bâtiments dont nous n’avons, jusqu’ici étudié que les apparences, nous verrons comment tout peut s’y combiner pour le travail dans la joie.

Léon Rosenthal, « La résurrection des villes. La maison d’école (II) », L’Humanité,« L’Actualité artistique », 24 juillet 1915, p. 3.

…nous glorifions la nature et l’art, mais nos écoles sont dépourvues de jardins ! toutes les écoles devraient avoir des jardins préparés par les architectes, organisés par les instituteurs et leurs élèves. À l’architecte, tout d’abord, il appartiendrait de réserver et de répartir les surfaces, de faire planter des arbres en évitant une ennuyeuse régularité, de varier les espèces prises parmi les plus intéressantes de la région, arbres fruitiers ou arbres à feuillage, de prendre garde, aussi, que les ombrages ne viennent pas, quelque jour, fermer les perspectives ou assombrir les salles de classe. Il préparerait les murailles pour les plantes grimpantes et les treilles. Il pourrait imaginer aussi des motifs décoratifs. M. Bonnier, dans l’école de la rue Sextius-Michel, dont j’ai déjà, plusieurs fois, invoqué l’heureux exemple, a eu l’idée d’installer une pergola. Une pergola, c’est la chose du monde la plus simple : quelques poutres verticales qui forment piliers et supportent des poutres légères ou des lattes en constituent l’armature. Des plantes grimpantes, dont le choix varie selon les pays, viennent lui donner la vie.

Léon Rosenthal, « La résurrection des villes. La maison d’école (V) », L’Humanité,« L’Actualité artistique », 21 août 1915, p. 3

Les vues que j’ai exprimées au sujet de la maison d’école n’ont la prétention ni d’être complètes, ni d’être neuves. Elles ont été souvent développées dans les congrès de l’Art à l’école et dans ceux de la Ligue de l’Enseignement. Quelques architectes s’en sont imprégnés et ont donné des modèles dignes d’être suivis. Rien ne paraît s’opposer à leur application : elles n’entraînent pas à des dépenses excessives ; il ne serait même pas paradoxal de prétendre qu’elles favorisent l’économie. L’école de M. Bonnier est une des moins coûteuses qu’ait construites la ville de Paris.

Léon Rosenthal, « La résurrection des villes. Musées régionaux et musées locaux (I) », L’Humanité, « L’Actualité artistique », 28 août 1915, p. 3.